1er juin 2006 : Pour la Journée Internationale des droits de l'enfant, Alexandre Gesalov, orphelin Russe, membre de la commission des droits de l'homme en Carélie (Russie), vient témoigner.
BOULOGNE, MAI 2006 - Jeudi 1er juin 2006, Journée Internationale des droits de l'Enfant, les associations Aide Medico Sociale Russie (A.M.S.R.) et Adoption-Russie ont invité un orphelin Russe, Alexandre Gezalov, à venir raconter son expérience d'enfant abandonné en Russie. La recette de la conférence sera reversée au profit des orphelins de Russie. Les inscriptions se font sur le site www.adoption-russie.fr
Né il y a 38 ans dans la région de Riazan (200 km de Moscou), Alexandre Gezalov est abandonné dès la naissance et ballotté d'orphelinat en orphelinat. Il y « apprend à vivre » 16 ans durant. A 17 ans, il quitte l'orphelinat pour un foyer communautaire. Puis c'est le service militaire, à l'issue duquel il ne sait où aller.
Contrairement à la majorité de ses camarades, la plupart aujourd'hui décédés - règlements de compte, overdose, alcoolisme... - il donne un sens à sa vie en créant une association très impliquée dans l'amélioration du sort des enfants orphelins et le devenir de jeunes délinquants souvent ressortissants d'orphelinats.
« L'enfant de personne » est maintenant membre de la commission des droits de l'homme auprès du Président de la République de Carélie, Président fondateur de l'association russe «Kromo » laquelle a été décorée pour l'efficacité des programmes sociaux. Il est également l'auteur d'un essai autobiographique « Enfance Amère » publié en Russe en Août 2005 (traduction et publication en français en cours- A.M.S.R.)
Cette expérience hors du commun nous permet de voir l'abandon sous un autre angle, celui de l'enfant !
A propos d'A.M.S.R
Créée en 1991, A.M.S.R. est une association française ayant pour volonté d'accompagner les changements en Fédération de Russie. Prioritairement, elle intervient auprès des couches les plus fragilisées de la population dont les enfants, notamment ceux abandonnés en orphelinat. Ses actions, entre autre l'acheminement d'aides diverses, la mise en place d'une correspondance entre des enfants orphelins de Russie et des enfants ou des familles françaises de l'hexagone se font de concert avec des réseaux et partenaires du terrain dont Alexandre Gezalov actuellement en France.
Pour plus d'informations sur A.M.S.R. : www.enfants-de-russie.org
A propos d'Adoption-Russie
Adoption-Russie est une association loi 1901, pour l'adoption et la post adoption en Russie, permettant d'informer toute personne avant, pendant et après l'adoption d'enfants en Russie, de favoriser les échanges d'expériences, de représenter les membres auprès des autorités et institutions françaises et russes, medias, tout O.A.A (Organisme Agréé pour l'Adoption) et autres professionnels pouvant apporter un service aux adoptants, d'instaurer et entretenir des liens entre les parents et les enfants après leur arrivée en France. L'association comprend 700 membres après 20 mois d'existence.
Pour plus d'informations sur Adoption-Russie : www.adoption-russie.com
Contact Presse :
Aide Médico Sociale Russie - A.M.S.R.
Hélène Gedilaghine
+33 1.46.48.61.01 ou + 33 6.22.54.53.71
amsrussie@aol.com
22, rue A. Comte - 92170 Vanves
Adoption-Russie
Sylvie Lachkar
+33 6 09 20 77 56
sylvie.lachkar@hp.com
112, rue de Silly - 92100 Boulogne
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Alexandre Gezalov est : Membre de la commission des Droits de l'Homme auprès du président de la République de Carélie, Président fondateur de l'association russe « Equilibre » (créée en 2000) décoré de l'ordre du Gouvernement de Russie pour l'efficacité de ses programmes sociaux entre autre au profit de jeunes majeurs détenus et d'enfants orphelins, bâtisseur de trois édifices religieux : l'église « Ioanne Bogoslov » au centre de Petrozavodsk, la chapelle « Saintes Youli et Anne », et l'église « Saint Séraphin Sarov » pour la construction desquels en décembre 2005 l'Ordre Patriarcale lui attribue la décoration « 3ème degré - Sergueï Radonej ». Dans l'une d'entre elle qui accueille plus particulièrement les orphelins sourds muets d'un internat situé à proximité, A. Gezalov organise la célébration des offices en langage pour sourds.
Né il y a 38 ans dans la région de Riazan (200 km de Moscou), Alexandre Gezalov est abandonné dès la naissance et ballotté d'orphelinat en orphelinat ou il « apprend à vivre » 16 ans durant.
Dans son essai autobiographique « Enfance amère » publié en russe en août dernier, il apporte un témoignage inédit qui fait la lumière sur ce qu'est le monde intérieur d'un enfant abandonné, sur ce qu'il pense, ce qu'il ressent. Au-delà de l'information, A. Gezalov offre aussi une lueur d'espoir à ces enfants orphelins dont les rangs ne cessent de grandir. Il leur donne une preuve que même orphelin on peut donner sens à sa vie.
Il montre par l'exemple concret de sa vie que l'on peut être l'enfant de personne, l'enfant de nulle part, l'enfant dont personne n'a besoin, celui que personne n'attend, et ne pas s'enliser dans la délinquance, ne pas sombrer dans la toxicomanie, ne pas se tuer dans l'alcoolisme... ;
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Bon gré, mal gré, il devient pour bien des jeunes un solide repère, une valeur, une sorte de guide dans les pas duquel on peut marcher sans avoir le sentiment de s'enliser.
Son parcours :
- après l'orphelinat d'où il sort à 17 ans avec pour tout bagage un maigre baluchon, il est hébergé quelques années dans un lieu de vie communautaire et étudie à l'Institut de la Culture,
- puis c'est le service militaire qu'il effectue à Mourmansk sur un sous-marin atomique,
- démobilisé, n'ayant nulle part où aller, il prend le train Mourmansk-Moscou et au hasard descend à Petrozavodsk, (Carélie). N'y connaissant personne il squatte dans la ville, cherche et trouve divers petits boulots qui lui permette de survivre. La plupart du temps, il dort sur ses lieux de travail. Il cumule travail et études qu'il reprend à l'Institut de la Culture.
En 2000, Alexandre ne s'interroge plus sur ce qu'il pourrait bien faire de sa vie. Il sait qu'il veut vivre pour les autres, et plus précisément pour les plus démunis.
Pour cela il lui faut un outil. Alors, il crée, l'association « Equilibre » à laquelle il donne une dimension régionale.
Les objectifs de l'association : œuvrer à l'amélioration du quotidien des enfants-orphelins, favoriser la réinsertion des jeunes délinquants, prévenir les abandons, la toxicomanie et la prostitution des enfants, adolescents et jeunes majeurs.
Sa particularité: tout situant son association dans une dimension laïque, il appuie ses actions sur des valeurs spirituelles.
Son charisme l'aide dans ses entreprises mais il doit faire ses preuves. Etre orphelin c'est porter une étiquette et est au regard de bien des éléments de la société s'est appartenir à la lie que l'on tient à l'écart et dont on s'en méfie. Au début ses démarches ne sont pas prises sérieuses ! Néanmoins les actions qu'il propose sont concrètes et visent justes.
Face aux résultats qu'il obtient, il ne tarde pas à devenir une figure de référence. Et pour ses programmes sociaux développés auprès des enfants-orphelins, des détenus et sortants de prison, il est décoré de l'ordre du Gouvernement de Russie.
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Présentation et traduction : association «Aide Médico Sociale Russie - A.M.S.R.»
Contact Tel. : Hélène Gédilaghine : 01.46.48.61.01 ou 06.22.54.53.71
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Alexandre GEZALOV à travers des extraits de ses écrits :
« Enfance amère » et « A propos des enfants au triste regard ».
Membre de la commission des Droits de l'Homme auprès du président de la République de Carélie, défenseur convaincu des droits de l'enfant et plus particulièrement des droits des orphelins, Alexandre Gezalov connaît le sujet par coeur.
Il l'a tout d'abord, appris à ces dépends, en tant qu'enfant abandonné à la naissance. Puis à 33 ans en tant qu'acteur de terrain avec l'association « Equilibre » qu'il a l'idée de créer (en 2000).
« ... L'idée de créer une association pour venir en aide aux enfants abandonnés ne m'est pas venue tout de suite. Au début, je désirais être rassasié et devenir riche. Il me semblait que c'était là le but que tout un chacun poursuit dans la vie. Et puis le temps a passé. La roue a tourné. Bon nombre de ceux qui saisissant les opportunités du moment, avait « réussi » se sont retrouvés à la case départ et déçus. Pour moi les choses sont restées en l'état. N'ayant rien à perdre, je n'ai rien perdu. Ce constat m'a aidé à comprendre que l'argent n'est pas l'essentiel et l'idée m'est venue de créer une association pour aider les enfants comme moi-même orphelins. A partir de cet instant, la question de savoir pourquoi et au nom de quoi j'étais sur terre s'effaça d'elle-même. D'évidence, je voulais vivre au service des autres... ».
« J'ai passé 17 ans de ma vie en orphelinats. 17 ans ponctués de fugues, et de séjours en unité punitive ; aussi je comprends parfaitement ce que cela signifie. Je comprends à quel point il est difficile de se révéler à soi-même dans une promiscuité quotidienne où à chaque instant la collectivité prime. Très peu d'enfants arrivent à se sauvegarder, à s'extraire de ça avec un minimum de perte et à intégrer le monde des adultes...
« Aujourd'hui, en lien avec les actions de mon association, je me rends souvent dans des orphelinats, des prisons, des unités punitives. Et je constate à quel point ceux et celles que je rencontre manquent de confiance en eux ; précisément ce sentiment qu'on ne leur donne pas dans les « maisons pour enfants ». Or en l'absence de cette confiance en eux, de la part d'autrui et d'eux-mêmes, comment peuvent-il s'y prendre, une fois « en liberté », pour trouver le juste chemin et pour leur âme en recherche une raison d'espérer? Bien sûre, l'aide matérielle est utile ! Bien entendue, les sucreries sont sucrées. Mais ce n'est pas là l'essentiel. Ce qui fait cruellement défaut à ces enfants orphelins c'est un échange de personne à personne, c'est parler yeux dans les yeux, et d'âme à âme... »
« Essayez donc un peu de vous représenter ce qu'est la réalité d'un enfant mêlé à une collectivité où jour et nuit, à table et ailleurs et tout le temps, tout ce qu'il a, tout ce qu'il vit est copie conforme avec ce qu'ont et ce que vivent ses voisins... un univers aux yeux inexpressifs, aux regards vagues... ».
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Alexandre GEZALOV : portrait (suite) 2.
« ... il me semble que le plus terrible c'est le système de l'orphelinat : un microcosme fermé. 24 heures sur 24 l'enfant se trouve parmi d'autres enfants semblables à lui. Ils ont entre eux un niveau de relation complètement différent de celui des enfants qui vivent avec leur papa et leur maman, leur grand-père et leur grand-mère. Le petit homme a beaucoup de mal dans l'orphelinat à cerner son « moi » car tout le monde s'en fout de son « moi ». Aussi, le petit homme orphelin, c'est toujours un enfant esseulé. Il manque d'aide au quotidien, de relations humaines. Il n'a personne avec qui parler cœur à cœur... ».
« ... c'est très rare qu'un homme ayant grandi en orphelinat arrive à bien s'intégrer dans la vie. Des douze garçons qui ont quitté cette structure en même temps que moi deux seulement sont encore en là. Certains ont été tués au cours d'une bagarre, d'autres se sont pendus, ou noyés dans l'ivrognerie, qui croupissent en prison... Le plus terrible, c'est le destin des filles. En règle générale, elles deviennent filles mères et dès la naissance de leur enfant, elle le confie à l'orphelinat. Et le cycle infernal continu. Très souvent, on les prostitue. Elles deviennent alcooliques pour oublier.
L'orphelinat est un lieu maudit ! Un enfant se construit d'après son enfance. L'orphelin ne peut échapper au système dans lequel il a été éduqué, il n'a pas de famille et plus d'appartement familial lequel pour une raison ou une autre lui a filé sous le nez. Alors les lois pour la défense les orphelins ! Ces lois ne sont pas mises en oeuvre»
« Parler d'orphelins aujourd'hui, ce n'est pas parler d'enfants dont les parents sont décédés. Ces « vrais orphelins » ne représentent que 5 à 10 % de l'ensemble des enfants recueillis en orphelinats dont la majorité sont des orphelins sociaux ! Pensez un peu ! Des enfants orphelins dont le papa et la maman sont encore en vie!! Des parents qui abandonnent leurs enfants parce qu'ils encombrent!!
« ... un jour j'ai été invité à l'anniversaire d'un orphelinat qui fêtait ses 100 ans. C'est terrible ! Un lieu de 100 ans sans enfance ! Un orphelinat ce n'est pas simplement mauvais, c'est catégoriquement très mauvais. C'est l'anéantissement de l'enfance... »